Page:Le Parnasse contemporain, I.djvu/58

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YAMA.

Nombre chétif épars dans l’infini des sommes,
J’ai rendu mon essence au Nuage, au Soleil
Mon regard, et je dors un ténébreux sommeil
Loin de ta couche, ô toi qui veux le mal des hommes !

YAMÎ.

Tu sortiras plus clair de plus d’ombre, Yama,
Car c’est en toi que l’Être auguste se recrée,
Et l’amant glorieux dé la Coupe sacrée
Dans le céleste flanc des ondes te forma !

YAMA.

On a vu s’abîmer les splendeurs éphémères
Avec la troupe bleue et fauve des Haris ;
Sur les foyers obscurs, près des vases taris,
Je suis né de ta mort, Agni, fils des deux mères !

YAMÎ.

Les cavales d’Indra s’élanceront encor !
L’une à l’autre, mêlons nos âmes, divin couple.
Tu sembleras, lié de ma ceinture souple,
Un bel arbre envahi par des lianes d’or.

YAMA.

Les sept coursiers soumis à quatre jougs de flammes,
Sans éclairer mon œil, éblouiront le tien ;
La liane aux fleurs d’or n’aura pas de soutien ;
Nous ne mêlerons pas, l’une à l’autre, nos âmes.