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Page:Le Parnasse contemporain, II.djvu/165

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ARMAND SILVESTRE

———


LA GLOIRE DU SOUVENIR

I


L’impérissable orgueil de mon cœur vient de celle
Qui daigna sur mon cœur poser son pied divin
Très-fort & très-longtemps, afin qu’il se souvînt :
— Depuis, je n’ai connu la douleur que par elle.

Car j’ai souffert des maux qu’elle n’espérait pas.
Fier du sillon saignant qu’elle ouvrit dans mon être
Et qui des Dieux jaloux me fera reconnaître :
— O gloire ! j’ai servi de poussière à ses pas !

Et je reste meurtri, loin de la route ailée
Où sa course égarait le caprice des cieux.
Meurtri, vide, & pareil à l’air silencieux
Que brûle encor le vol d’une étoile envolée.