Page:Le Parnasse contemporain, II.djvu/170

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C’est toi l’impérissable, en ta splendeur altière,
Moule auguste où l’empreinte ennoblit la matière,
Où le marbre fait chair se façonne au baiser :

Car un Dieu, t’arrachant à la chaîne fragile
Des formes que la Mort ne cesse de briser,
A pétri dans tes flancs la gloire de l’argile !


II


De ta face immortelle & de ton noble buste
Mes mains ont affronté les contours radieux,
Quand, fervent & tout plein de l’image des Dieux,
J’ai moulé sur ton corps leur souvenir auguste ;

Et, sous l’enchantement de ta beauté robuste,
J’ai touché de ma lèvre, ivre & fermant les yeux,
Ta lèvre aux feux sacrés, vase religieux
Où le sang de nos cœurs, comme un rubis, s’incruste.

Je ne tenterai plus l’inutile tourment
De ton amour, ô Femme, & je veux seulement,
Jaloux de ta splendeur, craintif du sacrilége,

Ceindre très-humblement, de mes bras prosternés,
Tes pieds, tes beaux pieds nus, frileux comme la neige
Et pareils à deux lys jusqu’au sol inclinés.