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LAURENT-PICHAT

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BALLADE HONGROISE


Sur un blanc tilleul un beau ramier pleure.
Un beau page en pleurs parcourt la forêt.
« Ramier, doux ramier, quel chagrin t’effleure ?
Cher petit oiseau, dis-moi ton secret ?

— Un dur épervier m’a pris ma compagne.
Nous étions perchés sur ce blanc tilleul !
Il a fui là-bas, loin, dans la campagne,
Emportant ma vie, & je reste seul.

— Ramier, doux ramier, vois cette tourelle
Au sommet des rocs, dans le vieux manoir.
Je suis veuf aussi de ma tourterelle,
Le comte l’a mise en son donjon noir !

— Beau page, ton âme est bien mal trempée !
Où donc est l’obstacle ? où donc l’embarras ?