Page:Le Parnasse contemporain, II.djvu/237

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Elle arrive à la pente obscure
Où brusquement le mur finit…
Voici la Seine qui murmure
Entre ses berges de granit.

Les feux rougeâtres des lanternes
Et le clair de lune argenté
Sur les eaux profondes & ternes
Croisent leur tremblante clarté ;

Dans la rivière illuminée
On dirait les reflets joyeux
D’une fête étrange donnée
Par des hôtes mystérieux…

Le rossignol chante, — & plaintive
L’onde roule & frémit tout bas…
La pauvre fille sent l’eau vive
Baigner tendrement ses pieds las.

L’oiseau dit les amours menteuses
Et le bonheur enseveli ;
Les flots avec leurs voix berceuses
Parlent de sommeil & d’oubli.

Oh ! l’oubli, la fin de l’épreuve,
Et, sur un lit de frais cailloux,
Dans les molles herbes du fleuve,
Un sommeil éternel & doux !…