Page:Le Parnasse contemporain, II.djvu/243

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A DANTON


Chaînes qu’on rompt, prisons qu’on démantelle, grilles
Qu’on arrache ; palais qui s’effondrent, soldats
Et prêtres châtiés ; églises & bastilles
Croulant dans la fumée horrible des combats !

Effarement, clameurs furieuses des lâches
Accroupis sous le pied des tyrans consternés !
Cris des hommes nouveaux se ruant à leurs tâches !
Magnanime rumeur des peuples nouveau-nés !

Au milieu de ces bruits sombres & magnifiques,
Soulevant tout à coup son antique sommeil,
L’esprit ressuscité des grandes républiques
Surgit à l’horizon comme un nouveau soleil.

Et l’espace doré des lueurs qu’il épanche,
Montre, resplendissante en d’étranges clartés,
La Justice, debout, terrible & toute blanche,
Appuyant sur ses flancs ses poings ensanglantés.

Ah ! nous tous, citoyens de la cité future,
Isolés & proscrits dans ces temps abhorrés ;
Nous qui voulons tenter la suprême aventure
De la liberté sainte & des espoirs sacrés ;