Page:Le Parnasse contemporain, II.djvu/273

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Va ! Le malheur toujours sera jeune & savant !
C’était un homme avec ses luttes infinies,
Jouet depuis longtemps des lentes agonies,
Et qui, seul, une nuit, sur le dos renversé,
Râlait au coin d’un bois, au bord d’un dur fossé,
Sans prière, sans plainte aussi, les membres roides,
Et les yeux grands ouverts au fond des brumes froides.
Il suffit. Et la mort dans ses veines filtrait.
Et, tout près d’expirer, il revit d’un seul trait
Tout à coup devant lui passer l’horrible drame
De ses jours, dont l’enfer avait forgé la trame.
Alors il dit : « Soyez demain plus odieux !
J’ai le rêve & l’orgueil, je vous pardonne, ô dieux ! »




LES ÉCUSSONS


Clorinde a des yeux clairs & froids comme l’acier,
Qu’indignent les aveux, qu’allument les mains jointes.
Elle habite l’orgueil comme un donjon princier ;
Et son regard, pareil au fer d’un justicier,
Sait plus loin dans les cœurs enfoncer mille pointes.

Jane a les yeux profonds, obscurs comme les trous
Que sur les hauts remparts braquent les coulevrines.
Quand, lourds de voluptés, ils se fixent sur nous,