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SAINTE-BEUVE

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PREMIER SEPTEMBRE


Sorti pendant le jour dans les bosquets secrets,
Sous un ciel apaisé, murmurant & plus frais.
J’observais par endroits quelque arbre des allées,
Mêlant à de plus verts ses branches dépouillées :
« Oh ! ce n’est pas l’automne encore (& je passais) ;
Ces précédents soleils ont donné par accès,
Leur poids est assez fort pour qu’un feuillage en meure ;
Pauvre arbre du Japon, qui s’effeuille avant l’heure ! »
— Et le soir, hors du bois & du clos des jardins,
Au monter sinueux des coteaux en gradins,
Je vis le ciel limpide & sa beauté pâlie ;
Tous nuages fuyaient comme un voile qu’on plie ;
Non loin de l’horizon, au coucher s’inclinant,
Le croissant tranchait net dans l’air plus frissonnant ;
Et la nature entière avec plus de silence
Me semblait accueillir l’astre qui recommence,
Et méditer, plus froide, un charme aussi sacré ;
Et mon âme devint plaintive, & je rentrai.