Page:Le Parnasse contemporain, II.djvu/288

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L’IMAGE



Le front a des blancheurs mates de cire vierge,
Car il est ignorant des choses du Malin,
Et l’âme transparaît sous la robe de lin
Comme à travers l’albâtre une flamme de cierge.

Le pied, chaussé de vair, de l’arabesque émerge,
Et la nuque, appuyée au nimbe d’argent fin,
Se redresse extatique. En marge du vélin
On lit un nom de reine, Ingeburge ou Theutberge.

Ce mystique portrait que le missel pieux
Garde sous le fermoir est le portrait de celle
Pour qui je meurs — d’amour tout immatérielle.

Elle ne lira point cet amour dans mes yeux ;
J’aurais peur de la voir s’envoler d’un coup d’aile ;
Mais je passe ma vie à languir, rêvant d’elle.