Page:Le Parnasse contemporain, II.djvu/302

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Et linots & verdiers fredonnent sur la branche,
Fredonnent les chansons que tu chantes, le soir,
Dans les danses en rond sous l’auvent du pressoir.




SONNET


Violettes d’avril, campanules sauvages.
Fraise au goût parfumé, marguerites des bois,
Verveines & lilas qui mêlez à la fois
Vos fleurs & vos senteurs dans l’ombre des bocages :

Iris des ruisseaux clairs semés de coquillages,
Joubarbes égayant le chaume des vieux toits,
Beaux rosiers qui donnez des roses chaque mois,
Tapis doux à fouler, mousse des frais rivages ;

Vous avez à mes yeux un charme sans pareil.
Que j’aime mieux pourtant, le matin, au réveil,
Arrêter mes regards sur ma divine amie :

Dans le satin moiré je l’admire, en vainqueur.
Son bras rond replié, mollement endormie,
Seins nus, cheveux épars & pâle de langueur.