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Page:Le Parnasse contemporain, II.djvu/351

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— Et moi, je suis le loup dans la nuit qui les mange.

— Moi, je suis le bras fort au grand jour qui les venge.
Arrière, arrière, arrière, ô l’homme aux noirs épieux !
Fléchis, nuage obscur, sous la splendeur des cieux.

— Mon bon arc est tendu sous ma flèche rapide ;
Si tu crains du trépas la caresse livide,
Voyageur pâle & doux, recule devant moi.

— Voyageur fauve & dur, je suis plus fort que toi.
La matière est livrée en pâture à la flamme ;
Mon arc est la pensée, & ma flèche, c’est l’âme.

— Quoi ! tu supporterais l’éclat de mon regard,
Qui fait, comme un serpent, ramper le léopard !
Qui donc enfin es-tu, voyageur au front blême ?

— L’Homme au visage ardent, qui donc es-tu toi-même ?

— Je suis, dans les forêts, une rouge lueur,
Le démon du combat, le bourreau, le tueur,
Le bras aux actions jamais intimidées,
Le chasseur d’animaux !

Le bras aux actions jamais — Moi, le chasseur d’idées !

Et sur l’étroit sentier des monts Himalaya
Où du ciel on entend les saints Alleluia.