Page:Le Parnasse contemporain, II.djvu/380

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Au feu de son désir briller Caxamalca.

Enfin, cinq mois après le jour qu’il débarqua,
Les pics de la sierra lui tenant lieu de phare,
Il entra, les clairons sonnant tous leur fanfare,
À grand bruit de tambours & la bannière au vent,
Sur les derniers plateaux, & poussant en avant,
Sans laisser aux soldats le temps de prendre haleine,
À toute hâte il prit le chemin de la plaine.

Au nombre de cent six marchaient les gens de pied.
L’histoire a dédaigné ces braves, mais il sied
De nommer par leur nom, qu’il soit noble ou vulgaire,
Tous ceux qui furent chefs en cette illustre guerre,
Et de dire la race & le poil des chevaux ;
Ne pouvant, au récit de leurs communs travaux,
Ranger en même lieu que des bêtes de somme,
Ces vaillants serviteurs de tout bon gentilhomme.

Voici. Soixante & deux cavaliers hidalgos
Chevauchent, par le sang & la bravoure égaux,
Autour des plis d’azur de la royale enseigne
Où près du château d’or le pal de gueules saigne,
Et que brandit, d’après le chroniqueur Xerez,
Le fougueux Gabriel de Rojas, l’alferez,
Dont le pourpoint de cuir bordé de cannetilles
Est gaufré du royal écu des deux Castilles,
Et qui porte à sa toque en velours d’Aragon