Aller au contenu

Page:Le Parnasse contemporain, II.djvu/87

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Tremblants, ils s’étaient mis à genoux, & leurs doigts
Tâtaient sous le manteau les crucifix d’ivoire.
« Mur ! ne t’écroule point ! » dit encore la Voix.

Démon qui disputait au Seigneur la victoire,
L’âpre ouragan d’éclairs & d’averses s’armait :
Pas un bloc ne tomba de la muraille noire.

Pierre, en la contemplant de la base au sommet,
Tressaillit tout à coup & s’écria : « Regarde ! »
Ils virent sur la terre un enfant qui dormait.

Il dormait. Eux, béants, la prunelle hagarde,
Penchés vers l’inconnu qui s’était couché là,
Dirent : « Quel est ton nom, ô dormeur que Dieu garde ? »

L’enfant, ouvrant les yeux, répondit : « Attila. »




VII

AHASVÉRUS


Sans relâche, depuis mille & huit cents années,
Sous tous les ciels, le long des routes étonnées
De ce passant ancien qui revenait toujours,
Ahasvérus marchait, la tête & les pieds lourds.