Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/123

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Et la poussière vole, et les bêches d’aller,
Tandis que, la gorge oppressée,
L’œil en feu, le tribun se plaît à stimuler
Le délire de sa pensée.

Un cri ! le cercueil s’ouvre et la voici ! soudain,
Maître de son espoir suprême,
Ainsi qu’un exilé rentrant dans un Éden,
Il la voit, il la touche, il l’aime !

Sous ses voiles sacrés, anxieux, haletant
Il cherche ce corps qui fut Elle,
Cette chair qui lui fut si familière, autant
Que l’est une chose jumelle.

Tout est à lui ! Ce corps il le serre, il l’étreint
Sur sa poitrine bondissante
Avec ces longs baisers qu’un être faible craint ;
Car il faut bien qu’elle le sente !

Si la caresse en feu pouvait ressusciter
— Comme une plante que ranime
Le soleil se hasarde heureuse à palpiter —
Tu renaîtrais, douce victime.

La lèvre est impuissante, hélas ! et dans ces bras
Tendres et vigoureux pressée
Tu ne vibreras point et ne sentiras pas
L’existence recommencée.