Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/128

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CHIN-NOUNG


Il dort, le blanc vieillard, dans son manteau vermeil ;
L’Abeille de Sagesse à ses lèvres murmure.
Guerrier depuis longtemps libre de son armure,
De grands ressouvenirs agitent son sommeil.

Il dort environné du royal appareil,
Par les siècles l’ayant gardé sans entamure.
Et sa gloire aujourd’hui qui tombe, moisson mûre,
Nul n’a pu la faucher, du moins sous le soleil.

Ses fils, penchés vers lui, tels que des ombres vaines,
Ont oublié le sang qui coulait dans ses veines.
Idole des vieux jours qu’ils craignent de troubler,

Voués stérilement à l’extase première,
A sa face endormie, ils n’osent que trembler
Et végètent, tournant le dos à la lumière.