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ERNEST D’HERVLLLY

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L’ANCÊTRE


A l’ombre des forêts je suis rasséréné.
Oui, j’aime comme un fils ces vertes solitudes.
Là, des temps primitifs que vit mon humble aîné,
Je trouve l’innocence avec ses quiétudes.

Dans les bois je reprends d’antiques habitudes,
Tout un passé renaît en mon cœur étonné.
Et, gai, vous oubliant, humaines lassitudes,
Vers les arbres je cours d’un élan spontané.

J’y grimpe avec folie, et je mange des baies !
Puis je descends humer l’eau vive du ruisseau,
Et j’écoute, ravi, chanter l’oiseau des haies :

Tel l’écouta jadis, penché sur un berceau
Pauvre et grossier, construit dans le creux d’un érable,
Mon aïeul aux longs bras, le Singe vénérable.