Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/216

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Et voilà donc la vie ! et c’est là ce qu’on nomme
Bonheur, ivresse, volupté !
Néant amer ! ô cœur misérable de l’homme !
Inénarrable vanité !

Mourons ! — Suprême asile et suprême assistance,
O Mort, contre un joug détesté,
Viens donc, viens m’affranchir du mal de l’existence,
O Mort auguste, ô liberté !




LA PENSÉE


Plus prompte que la vague aux perfides caresses,
Plus prompte que l’aurore aux menteuses promesses,
Plus prompte que la nuit aux brûlantes ivresses,
Tu vins et t’en allas !

Comme une terre nue et par l’hiver mouillée,
Comme une nuit sans rêve et d’astres dépouillée,
Comme un cœur dont la joie au vent s’est effeuillée,
Je suis seul, seul, hélas !

L’été revient avec son oiseau l’hirondelle ;
La nuit retrouve au bois le rossignol fidèle ;
Mais ton emblème à toi, c’est le cygne : ouvrant l’aile,
Tu m’as fui sans retour !