Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/286

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Tous les parfums issus de toutes les couleurs,
Les roses, les bluets, cueillis avant d’éclore,
Qui nous viennent des blés et que Paris adore.
Parfois une charrette et son lourd attirail ;
Sur les trottoirs, des gens qui s’en vont au travail,
Des filles en sarrau, la mine chiffonnée…
Paris vaillant et fort commence sa journée.
Comme la rue est vide, ou peu s’en faut, les pas
Sonnent distinctement et ne se mêlent pas ;
Et c’est plaisir d’entendre, à bruits vifs et rapides,
Ces soldats du devoir simplement intrépides,
Allant au même but par le même chemin
Qu’ils avaient fait hier et referont demain.

Puis le Louvre, les ponts, la belle mise en scène
Des arbres en bouquets au loin, et de la Seine
Attirant le regard à ses deux horizons.
D’un côté le palais immense, les maisons,
La Cité, proue énorme, et les deux tours jumelles,
Et le ciel découpant un clocher de dentelles ;
Et de l’autre, aussi loin que porte le regard,
Les ponts échelonnés l’un sur l’autre, l’écart
Et la courbe que ont les bords, et les collines,
Et le vent du matin qui tord les mousselines
De la brume légère au-devant du soleil.

Ainsi le jour nouveau, magnifique et vermeil,
Brûlant à ses rayons l’aile verte du rêve,
Beau comme un jeune dieu, sur la ville se lève.