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L’ORGUEIL D’OSTAP



Près de la Setch guerrière aux huttes sans clôture
Un Zaporogue dort sur la route, en travers,
Pareil aux demi-dieux dont en leurs anciens vers
Les Cobzars ont chanté l’héroïque stature.

L’or de son caftan turc et sa riche ceinture
De boue et de goudron par mépris sont couverts ;
Vingt fois de son sang libre il a teint les prés verts ;
Il prend la vie ainsi qu’une rude aventure.

Sur la route galope Ostap, le chef élu ;
Devant l’homme superbe au cou large et velu,
Il s’arrête, — et longtemps l’admire, — puis s’élance ;

Il franchit le Cosaque endormi. — Par milliers
Le chef Ostap conduit de tels porteurs de lance,
Et songe avec orgueil aux combats familiers.