Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/82

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ABSORPTION DANS L’AMOUR


Comme si ses flancs renfermaient une âme,
Le Vésuve au loin gronde sourdement ;
Le ciel est zébré de langues de flamme,
La cendre jaillit du sommet fumant.

Au pied du volcan la mer fulgurante
Mugit sur ses bords et sur ses récifs ;
Dans les frais ravins où s’endort Sorrente,
Sous les orangers ils restent assis.

C’est le premier jour que la femme aimante
A revu celui qu’elle a tant pleuré ;
Qu’importe à son cœur la sombre tourmente,
Le gouffre béant, le ciel déchiré ?

Ivre de le voir, ivre de l’entendre,
Elle reste sourde aux bruits d’alentour ;
La mort serait douce à cette âme tendre
En la foudroyant aux bras de l’amour.

1867.