Sentît qu’au fonds de ſa retraite
Cet Oiſeau vivement par un autre aſſailli,
Cédoit la place à l’ennemi
Qui chanta, huit fois ſa défaite.
Le matin, à regret, pour juger un procès,
Le Magiſtrat monte au Palais.
Sans doute, il crut laiſſer la Dame ſatisfaite ;
Mais il ignoroit le complot
D’une troupe femelle, aguerrie & jalouſe,
Qu’un pucelage échût au mari pour ſon lot.
On vouloit dans l’eſprit d’une innocente épouſe,
Mettre le Robin en défaut.
Pluſieurs de ſes amies,
Pour cet effet vinrent la voir,
Et de plus brûlant de ſçavoir
Le ſecret de la nuit & des ſaîntes orgies ;
Et toutes à l’inſtant de demander combien ?
Ce Combien eſt fort énergique :
Le beau ſexe l’entend ſans que mieux on l’explique.
Huit fois, répond la Dame, & je compte fort bien.
Hélas ! quelle eſt notre ſurpriſe,
Dirent-elles alors, ah ce n’eſt que cela ?
Quoi ! ce n’eſt que huit fois qu’il vous l’a planté-là,
Juſqu’à ce point il vous mepriſe…
Mais non, vous êtes belle, il eſt donc un vaurien :
Huit-fois ? Quelle miſere !… il vaudroit autant rien.
Ah ! quel mari, quel pauvre Sire ;
Page:Le Parnasse libertin ou Recueil de poésies libres, BnF Enfer-729, 1769.djvu/11
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