Page:Le Parnasse libertin ou Recueil de poésies libres, BnF Enfer-729, 1769.djvu/22

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Vous ſeriez ingrate & méchante,
Si vous me refuſiez le bien
Que vous avez par mon moyen.
Alix j’ai beſoin de votre aide,
Puiſque vous portez le remede
Qui ſans faute peut me guérir.
Hé quoi, me verrez-vous mourir,
Après vous avoir bien guérie !
Non, dit Alix, non ſur ma vie,
Je ferois un trop grand péché.
Tel crime… Allons donc je vous prie,
Guériſſez-vous, frere Paſcal,
Approchez vîte votre mal.

À ces mots, Dom Paſcal la jette,
Sans marchander ſur ſa couchette,
L’étend bravement ſur le dos,
Et l’embraſſe. Ô Dieux qu’il eſt gros !
Dit Alix, quel doigt ! Et de grâce !
Arrêtez… je le ſens qui paſſe.
Ma chere Alix attends un peu,
Je me mœurs… ſouffrez que j’acheve.
Ah ! reprit Alix toute en feu,
Vous voila guéri, l’abcès creve.

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