Page:Le Parnasse libertin ou Recueil de poésies libres, BnF Enfer-729, 1769.djvu/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 25 )

Et demande qu’enfin par le nœud conjugal
Cette honte ſoit réparée.
Criſtol d’une mine aſſurée,
Et fourbe, comme ſont les hommes d’aujourd’hui,
Dit que le fait n’eſt pas de lui.
En cent façons on tâche à le ſurprendre :
Quel parti qu’on puiſſe prendre,
Le drôle adroitement de tout ſçait ſe tirer.
Eh ! bien, Meſſieurs, répond Zénogris déſolée,
Puiſqu’il m’y force, enfin il faut tout déclarer :
Le perfide m’a violée,
Debout contre une porte arriva l’accident.
Mais comment, dit le Préſident,
Un homme ſi petit qu’à peine il peut atteindre
De la main juſqu’à votre front
A-t-il pu debout vous contraindre
À recevoir un tel affront ?
Hélas ! la choſe eſt très-certaine,
Répond Zénogris ſans tarder,
Le voyant haleter & ſouffrir tant de peine
Je me baiſſai tant ſoit peu pour l’aider,
À ces mots de rire éclatèrent
Les Juges, & la déboutèrent
De ſa vaine prétention.
Si l’on jugeoit ſans paſſion
Ou plutôt ſans prévention
Tout ce que dans le monde on nomme violence,
L’on verrait que ce n’eſt que pure fiction.

C