Page:Le Parnasse libertin ou Recueil de poésies libres, BnF Enfer-729, 1769.djvu/32

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Prêt il étoit & n’avoit beſoin d’aide
Du premier coup la tira du ſommeil.
Lors Madelon ſe frottant la paupiere.
Bon gré, me dit, vous ſçais de mon réveil ;
Et grand plaiſir m’avez-vous fait, compere.
Viendrai dormir tous les jours en ce lieu,
Puisque ſi bien ſçavez comme il faut faire,
Pas ne manquez de m’éveiller, adieu.

Attribue à l’Abbé Chaulieu.

SONNET.


Pour éviter l’ardeur du plus grand jour d’Été,
Catin deſſus un lit dormoit à demi nue,
Dans un état ſi beau, qu’elle eût même tenté
L’humeur la plus pudique & la plus retenue.

Sa jupe permettoit de voir en liberté
Ce petit lieu charmant… qu’elle cache à la vue,
Le centre de l’amour & de la volupté,
La caufe du beau feu qui m’emflamme & me tue.

Un ſi ſenſible objet en cette occaſion,
Banniſſant mon reſpect & ma diſcrétion,
Me firent embraſſer cette belle dormeuſe.

Alors elle s’éveille à cet effort charmant,
Et s’écrie auſſi-tôt : Ah ! que je ſuis heureuſe.
Les biens, comme l’on dit, me viennent en donnant.

L’Abbé de Grécourt.