Page:Le Petit - L’Art d’aimer les livres et de les connaître, 1884.djvu/16

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surtout par le temps qui court ? Cependant je l’accepte résolument, persuadé que si mes conseils ne sont pas toujours en accord avec vos goûts, ils auront au moins pour vous le mérite d’être dictés par l’expérience, et non par une fantaisie hors de saison « en ce grave sujet ». Enfin, vous m’avez demandé quelques observations sur le goût nouveau que je n’ai pas peu contribué à vous inculquer ; ces observations, les voici. Je vous les donne avec autant de plaisir que peu de prétention, et je souhaite qu’elles puissent vous être au moins utiles. Il m’est d’ailleurs si agréable de vous les transmettre, que vous n’aurez guère de gré à m’en savoir, et je serai presque votre obligé, car c’est pour moi un vrai bonheur que de parler de livres avec quelqu’un qui les aime.

Oui, vous aimez maintenant les livres, ou plutôt vous avez toujours eu ce goût intelligent, car je me rappelle que même dans votre enfance vous étiez déjà heureux lorsque vous aviez un livre en main. Mais à cette époque-là, vous aimiez les livres comme on les aime au collège. On les cherche avec avidité, pour les dévorer en cachette, entre deux leçons, au nez et à la barbe du pion, qui vous voit plus souvent qu’on ne pense, mais qui a parfois aussi le bon esprit de ne pas remarquer que vous travaillez vos devoirs dans un volume d’Alexandre