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l’art d’aimer les livres

tiques, de sciences exactes quelconques, pourront sans inconvénient n’y être que faiblement représentés, si là n’est pas votre goût. Mais vous serez toujours forcément obligé d’y admettre un certain nombre d’ouvrages d’histoire, de voyages, de biographie, qu’il est agréable de pouvoir consulter de temps en temps, sur des faits, des hommes, ou des pays, auxquels les autres livres nous reportent nécessairement.

Que d’autres amateurs, tout aussi éclairés, mais ayant des goûts différents, achètent presque exclusivement des livres de sciences, ou des livres religieux, ou des livres de droit, c’est leur affaire, et ils ont aussi bien raison que vous. Ce doit même vous être une satisfaction, car vous n’êtes pas exposé à les avoir pour rivaux dans vos acquisitions. Mais que leurs conseils ne vous fassent pas vous écarter du but que vous poursuivez, de même que vos raisonnements, si persuasifs qu’ils fussent, n’arriveraient pas à les détourner eux-mêmes de leurs idées ! Nous n’avons ni les uns ni les autres, que diable ! la manie d’être universels ; et le bibliophile qui aurait la prétention de former une bibliothèque complète, ou seulement d’avoir tous les livres intéressants, me paraîtrait assez semblable aux gens qu’on appelle des paniers percés et qui se figureraient avec leurs bienheureux ; paniers arriver un jour