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Page:Le Petit - Les Œuvres libertines, éd. Lachèvre, 1918.djvu/172

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père et mère ; deux madrigaux de Montreuil : Depuis le triste jour que je vis sous vos loix ; Urgande (Cloris) à vingt ans estoit belle, etc., etc[1].

Mais il y a mieux si c’est le même collecteur qui, l’année suivante, a donné une seconde édition — diminuée — des poésies du sieur de B*** : Les œuvres diverses du Sr D*** augmentées de Rome, Paris et Madrid ridicules, avec des Remarques Historiques, et un Recueil de Poésies choisies. Par Mr de B… À Amsterdam, chez Frisch et Bohm, Marchands Libraires. M.DCC.XIV (1714), 2 vol. in-12. La fraude prend, en effet, des proportions qui seront difficilement dépassées : Le tome premier contient une Préface (en partie celle des Discours satyriques de Louis Petit, de Rouen, 1686), un discours en vers Sur le bonheur de la vie champêtre, 12 satires (onze de Louis Petit), 10 épîtres (une de Louis Petit), des stances (de Louis Petit), sonnets, etc., le Portrait (en vers) d’Iris des Divers portraits, 1659, sig. P., et attribué à Perrault (il est peut-être de Louis Petit), une lettre à madame de F., en lui envoyant un portrait naïf de moi-même avec un sonnet des Pièces diverses de 1668, du Président de Métivier, des imitations de quelques odes d’Horace et de quelques épigrammes de Martial qui figuraient dans les poésies du sieur de B***, 1713, et qui lui sont ainsi enlevées ; le tome second renferme : l’Art d’aimer, en vers, imité d’Ovide, le Remède d’Amour traduit d’Ovide, des fables et contes dont un conte Les Frayeurs se retrouvera dans les Œuvres diverses de Vergier, 1726. À la p. 179 commencent les poèmes : Rome, Paris et Madrid ridicules suivis des Poésies du sieur de B***, de 1713, amputées, bien entendu, des imitations d’Horace et des épigrammes de Martial.

La conclusion à tirer de nos constatations est celle-ci : Nous sommes en présence d’un collecteur — un libraire ou le sieur de Blainville — ayant réuni, sous un titre destiné à retenir l’attention, une série de pièces de différents auteurs.

Si c’est un libraire, il a pu avoir communication de papiers appartenant au sieur de Blainville, mais il n’a su ni pu distinguer ce qui était original de ce qui n’était que copie ; le Madrid ridicule et les vers de Paul Scarron et de M. de Montreuil sont de cette dernière catégorie. Notre hypothèse se vérifie par le fait, déjà signalé, que, dans l’édition des Œuvres diverses du sieur D***, 1714, le

  1. Ces trois pièces avaient paru dans la Troisième partie du Recueil de Sercy, 1656.