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Page:Le Petit - Les Œuvres libertines, éd. Lachèvre, 1918.djvu/183

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Au Lecteur curieux. Sonnet.


Estant hier en desbauche au faubourg Saint-Germain,
Entre une heure et minuit dans mon humeur bourrue,
Et cherchant à tastons tout seul de rue en rue
Un bordel pour gister jusques au lendemain.

Marchant moitié de pied et moitié de la main,
Et crotté jusqu’au cul comme un soc de charrue,
Je vis le long du mur venir à pas de grue
Un grand phantosme sec comme du parchemin.

Qui fut lors bien surpris, ce fut moy, je te jure,
On m’auroit d’une paille estoupé la nature,
Jamais je ne me vis en pareil embarras.

Tu voudrois bien savoir ce que c’estoit sans doute,
Mais Lecteur… Pourquoy non ? Si fait, tu le sauras,
C’estoit Dieu me pardonne, un diable qui te foutes.




Sur mon Bordel des Muses. Stances.


Tout fout maintenant sur Permesse
Et les pucelles d’Helicon
S’en font donner dedans le con
Aussi bien que dessus la fesse,
Phœbus mesme les fout pour rien.
Par prudence afin que son bien
N’entre point en d’autres familles,
Dieu nous garde d’en juger mal,
Mais lorsqu’on a foutu ses filles,
On peut bien foutre son cheval.

Pégaze est de belle encolure,
Il est bien fait et bien fourny,
Il est de couillons bien muny.
Il a la croupe large et dure.
Je ne prends point dans ce calcul
L’intérêt du con ny du cul,
De la putain ny du bardache,
Mais je croy qu’on fait plus de mal
De foutre neuf sœurs à la lâche
Que de chevaucher un cheval.