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LE BORDEL DES MUSES
    À le voir sur sa gravité,
    Dessus ses eschasses monté,
    Il feroit la nique aux Dons Sanches[1] ;
    Je croy, sans mesdire de luy,
    Qu’il a son habit de Dimanches,
    Ou qu’il est de nopce aujourd’huy.




  1. Non, je ne croy là rien qui vaille[2] ;
    Ce qui rend ce Seigneur si sot,
    Ce sont ces heros de Calot,
    Dont on a verny la muraille.
    Par mon chef ! vous avez raison,
    Et le Louvre, en comparaison,
    Ne mérite pas qu’on le vante,
    Si les Roys font l’honneur commun ;
    Car il en a plus de soixante,
    Et l’autre à peine en a-t-il un[3] !




    la grève.

  2. Autre sujet de raillerie,
    Autre matière à camouflet ;
    Invoquons d’un coup de sifflet
    Le Démon de la Bernerie :
    À moy, gentil bouffon Momus !
    Je t’enfonce cet Oremus ;
    Voy de bon œil ma pasquinade[4],
    Exauce mes vers et mes vœux :
    Si Pégaze icy retrograde[5],
    C’est à la Grève que j’en veux[6].


  1. Var. de 1672 : Il feroit la nique à Dom Sanche… | Qu’il a son habit de dimanche. — Allusion à la comédie héroïque de P. Corneille : Dom Sanche d’Aragon jouée en 1651 (P. L.).
  2. Var. de 1672 : Mais non, je ne voy rien qui vaille. — Cette strophe nous apprend que la façade des maisons du Pont Notre-Dame était peinte et qu’on y voyait représentés plus de soixante-dix Rois (P. L.).
  3. Var. de 1672 : Et le Louvre n’en loge qu’un.
  4. Id. : Voi de bon cœur ma pasquinade.
  5. Id. : Si j’ay Pégazé rétrograde.
  6. Ce vers est celui de 1672 ; 1668 donne : C’est à la Grève à qui j’en veux. — Pour se rendre compte de l’aspect de la place de Grève à cette époque, il faut avoir sous les yeux la vue qu’Israël Sylvestre en a faite avant 1655, prise à l’entrée de la rue du Mouton, en face Notre-Dame (P. L.).