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- Hé quoy ! nul icy pitié n’a
- Pont moitié de bois et de pierre,
Pont moitié de pierre et de bois[2],
Qui fait damner tout à la fois
L’onde, le feu, l’air et la terre ;
À quoy bon t’a-t-on là planté ?
Est-ce pour la commodité
Generale ou particulière ?
Si tu te laisse, sans tarder[3],
Tomber toy-mesme en la rivière,
Comment veux-tu nous en garder ?
l’isle notre-dame.
- Que voy-je là sans callebaces,
Nager si bien entre deux eaux[4],
Ou servir d’ancre à ces batteaux,
Et de sauvegarde aux limaces ?
Est-ce un banc de sable ? nenny ;
Est-ce un grand rocher applany ?
Rien moins ; il n’en a pas la mine.
Qu’est-ce donc, ou que n’est-ce pas ?
C’est…, attendez que je devine :
C’est ce que vous sçaurez là-bas.
De la pauvrette Sequana,
Qui crève dessous ces gros piffres[1] ?
Ha ! je la veux vanger, ma foy,
Et les escrire en si gros chiffres,
Qu’ils se ressouviendront de moy.
- ↑ Var. de 1672 : Qui crève dessous… — Tabl. Rich.-Maz., 1693 : Qui crève sous ces vilains pifres.
- ↑ Var. de 1672 : Pont moitié de terre et de bois. — Il y avoit autrefois des maisons, de l’un et de l’autre côté de ce pont ; mais en 1657, la moitié du pont et des maisons tombèrent dans la rivière. On a donc laissé celle qui étoit restée, et on a refait l’autre moitié du pont, mais de bois ; c’est ce que l’auteur critique ici. On l’appelle Pont-Marie, du nom de l’entrepreneur Christopfle Marie, qui le bâtit en 1614 (de Bl.).
- ↑ Var. de 1672 : Si tu te laisse sans t’ayder.
- ↑ La vue de l’île Notre-Dame est très-belle, surtout le soir quand les lanternes sont allumées et qu’on vient du côté de la Grève ; cette illumination et l’eau qui l’environne sont un très-beau spectacle… (de Bl.).