Page:Le Petit - Les Œuvres libertines, éd. Lachèvre, 1918.djvu/228

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    Oüy, par les droits de represailles,
    Tu merites ce tiltre-là ;
    Le monde n’a point de murailles,
    Et tu luy ressemble en cela.




    l’arsenal.

  1. N’oublions pas dans ce Registre,
    Ce vaste et grand logis bourgeois ;
    Icy le Jupiter François[1]
    Fait fourbir son foudre sinistre.
    Pourquoy nomme-t-on Arsenal,
    Muse, ce jardin infernal,
    Qui fait la figue à tous nos marbres[2] ?
    Le sujet quadre-t-il au nom ?
    On y compte plus de mil arbres,
    Et l’on n’y voit pas un canon[3].




    montfaucon.

  2. Faisons halte icy par débauche,
    Pour regarder les environs,
    Et par regale censurons
    Ce que je voy là sur la gauche :
    Vieil Gibet demantibulé,
    Par Enguerrand si signalé,
    Piliers maudits que les orfrayes
    Ont pris là pour leur tribunal[4] ;
    Montfaucon[5] avecque tes clayes,
    Tu fais plus de peur que de mal[6].


  1. Henri III dont il est parlé dans ces vers, bien loin de défaire les factieux qui troubloient la France, périt lui-même par la main du jacobin Jacques Clément (de Bl.).
  2. Var. de 1672 : Qui fait la nique à tous les marbres.
  3. Id. : Et l’on n’y voit aucun canon.
  4. Var. de 1672 : Ont éleu pour leur Tribunal.
  5. Montfaucon est un village près du Paris de 1661, hors de la porte Saint-Martin où l’on pendoit les malfaiteurs et les criminels. — Le gibet de Montfaucon, vers 1660, ne conservoit plus que sept ou huit de ces seize piliers de pierre, comme le témoignent les anciens plans antérieurs à 1700 (de Bl.).
  6. Ce passage indique d’une manière certaine que les exécutions ne se faisaient plus là, et que le gibet était alors abandonné (P. L.). Voyez la savante dissertation de M. de La Villegille sur les fourches patibulaires de Montfaucon.