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fait à l’amiable libéra de tout droit d’usage une partie des bois, des marais et des pâtures qui

    l’embellissement du bourg : à faire grâce dans certains cas spécifiés enfin à recevoir le ferment des magistrats nouvellement élus. Quant à ses obligations, elles consistent à défendre la commune ; contre les ennemis du dehors, sans imposer les habitants, ni les requérir pour le service militaire pendant plus de vingt-quatre heures.

    Les bourgeois ont, sur le territoire communal concédé par le suiveur, la jouissance libre et gratuite des produits spontanés du sol, des forêts et des eaux, à la seule condition de se conformer a certaines règles d’ordre public. La pêche du poisson, l’abatte du bois et la cueillette des fruits sauvages fournissent aux familles, surtout aux moins aisées, des subventions précieuses, pour la nourriture, ainsi que pour la construction, l’ameublement, l’éclairage et le chauffage des habitations.

    Tel était le degré de liberté et de bien-être dont jouissaient les bourgeois de Beaumont, qu’ils se montrèrent constamment très attachés à leur organisation municipale. Aux états de Vermandois, réunis en 1556 pour la rédaction des coutumes de la province, ils déclarèrent fermement vouloir s’en tenir aux franchises contenues dans leur charte ; et au XVIIIe siècle ils résistèrent avec une énergie digne d’un meilleur succès, aux empiétements par lesquels la royauté, en opprimant les communautés à se dépouiller de leurs biens communs et privés, inculqua à la France le mépris des coutumes, puis l’esprit de révolution.

    Il ne faudrait pas d’ailleurs objecter que la constitution dont je viens d’esquisser les principaux traits n’aurait eu, au moyen âge, qu’un caractère exceptionnel. Les autres constitutions communales étaient, en général, fondées sur les mêmes principes. La charte de Beaumont elle-même fut octroyée par les seigneurs suzerains à un grand nombre de villes du nord-est de la France. Avant les attentats révolutionnaires de Louis XIV et de ses successeurs, cette loi régissait encore, dans cette région de la France, plus de cinq cents communautés. (Voir, pour plus de détails : la Loy de Beaumont par M. l’abbé Defourny, curé de Beaumont, 1 vol. in-8o, Reims, 1864.)

    Les institutions sociales, dont le résumé se trouve dans la Loy de Beaumont, assuraient à la population entière, dans le nord-est de la France, une foule de satisfactions. Les unes sont devenues