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de la noblesse et du clergé, les premiers rudiments d’une représentation nationale. Mais un funeste concours de circonstances ne permit pas aux pays d’états ainsi créés de s’étendre et de s’affermir. Du XIIe siècle au règne de Henri III, les persécutions religieuses ravagèrent le midi de la France et divisèrent les populations. Du règne de Louis XIV à la révolution, la cour rouvrit l’ère de persécution interrompue par les deux premiers Bourbons, et elle acheva, sur la noblesse et le clergé, l’œuvre de corruption commencée par les derniers Valois. Les classes dirigeantes, à leur tour, propagèrent le mal par leur exemple jusque dans les familles des moindres autorités locales. La rupture des liens sociaux suivit de près la décadence des mœurs. L’antagonisme des classes remplaça l’ancien état d’harmonie, et la lutte des intérêts ruina peu à peu les libertés provinciales et communales. Au moment où éclata la révolution de 1789, les états de Provence, du Languedoc et des autres provinces du Midi n’offraient plus qu’une vaine apparence : en fait le gouvernement des localités était attribué depuis un siècle, comme il l’est encore aujourd’hui, aux légistes et aux fonctionnaires choisis par le roi[1].

  1. L’Organisation du Travail, § 17, 6e époque de l’histoire de France. — A. de Tocqueville, l’Ancien régime et la Révolution, liv. III, ch. VII.