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dire, exclus de la vie publique ; mais ils offraient encore de beaux exemples à la vie privée. Les familles restaient laborieuses et fécondes elles peuplaient les deux mondes de leurs vigoureux rejetons ; et, malgré l’abandon des gouvernements corrompus de la métropole, ces héroïques émigrants luttèrent longtemps avec gloire contre les colons des races mieux gouvernées. Ce fut ainsi qu’au Canada les colons issus des familles-souches de la Normandie, abandonnés par le déplorable gouvernement de Louis XV, résistèrent jusqu’en 1763 aux armées britanniques[1].

Cette force et cet esprit d’initiative, que la petite propriété avait conservés malgré la décadence de la monarchie absolue, furent ébranlés dans leur principe même par les violences de la révolution. On vit alors une aveugle tyrannie attaquer, dans leurs plus chers intérêts, d’innombrables familles qui n’avaient jamais offert le moindre prétexte aux méfiances de l’opinion publique, et qui restaient sous le nouveau régime, comme elles l’avaient été dans tous les temps, les meilleurs représentants de l’intérêt général du pays. Cette œuvre de destruction, commencée

  1. L’Organisation du travail, p. 474 à 478. — Voir aussi, dans le Bulletin de la société d’Économie sociale, t. IV, p. 45, et t. VII, 2e partie, p. 1, les rapports de MM. Rameau et Claudio Jannet.