Page:Le Play, L’Organisation De La Famille, 1884.djvu/221

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que, dans la maison paternelle du chef actuel de communauté, Joseph Py, un oncle célibataire, possédait une trentaine de vaches que, selon la coutume locale, il a léguées lors de son décès au chef de la maison Py. En raison des avantages accordés aux célibataires, la concorde et l’harmonie des caractères, ces données premières de la vie commune, se maintenaient aisément dans la famille (§ 35) ; elles étaient assurées d’ailleurs, dans les conditions que la famille Mélouga a si bien conservées (§ 19), par les bonnes mœurs, la religion, l’autorité paternelle et le testament.

Quant aux jeunes gens qui sortaient de la maison souche, les uns restaient célibataires et étaient admis comme domestiques dans les communautés où les bras faisaient défaut : ils y étaient traités, à tous égards, comme des membres de la famille, dans des conditions d’égalité dont la tradition s’est conservée jusqu’à ce jour (§ 18). Ils étaient autorisés, par exemple, à entretenir à leur profit jusqu’à quatre brebis dans le troupeau de la communauté. Les autres épousaient l’héritier ou l’héritière d’une autre maison, ou bien ils s’établissaient dans une petite maison munie de quelques dépendances agricoles, en qualité d’artisans, de bûcherons, de guides, etc.

Avant la révolution de 1789, les paysans du Lavedan n’étaient pas soumis aux corvées ; mais ils payaient de faibles redevances seigneuriales