Page:Le Play, L’Organisation De La Famille, 1884.djvu/265

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souvent entraînés l’éducation des enfants morts avant le mariage, l’entretien des vieux parents, les secours à donner aux proches qui ne réussissent pas dans leurs entreprises, les pertes dues aux disettes, aux épizooties et aux calamités de tout genre qui se présentent dans le cours d’une génération, les frais de baptême, de noce et d’inhumation (§ 34). Ils n’y parviennent que par des prodiges de travail et de sobriété. »

Lorsqu’on a vu ces faits de près, l’on comprend l’injustice et l’inanité des critiques dirigées contre ce prétendu droit d’aînesse. C’est, dit-on, l’oppression de tous les enfants au profit d’un seul. Je serais plutôt tenté d’avancer le contraire. Si l’on pouvait dire que cette combinaison est oppressive, elle le serait pour l’héritier-associé car elle lui impose des efforts continus et presque des vertus exemplaires, en échange d’un préciput insuffisant. Mais elle n’est que bienfaisante ; elle présente surtout, au point de vue de la stabilité sociale, l’inappréciable avantage de perpétuer ces familles morales et solides, qui sont les vraies forces du pays et qui ressemblent à ces arbres séculaires dont les racines, vigoureusement cramponnées au sol, prodiguent à leurs rejetons l’essor et la sève[1]. Loin

  1. Voir sur l’avènement des rejetons des familles-souches aux plus hautes situation sociales, ci-dessus (§ 8).