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Dans un moment où le mot de liberté est si fort à la mode et où l’on en fait dans tous les camps un si étrange abus[1], n’est-il pas surprenant qu’on repousse celle-là seulement qui rendrait la paix aux familles, la stabilité à l’agriculture et à l’industrie, et rétablirait, avec la pratique du testament, le respect du père, si profondément entamé de nos jours.

Cette solution est encore la seule qui, par son élasticité, soit susceptible de s’adapter exactement à tous les besoins d’un aussi vaste territoire que la France.

Comment, en effet, le législateur n’est-il pas arrêté par la difficulté d’assujettir une matière aussi complexe à une règle uniforme pour tout le pays ? La quotité disponible peut-elle donc être partout la même, quels que soient les mœurs, les coutumes, les habitudes ou les besoins de l’industrie et de l’agriculture ? Ces proportions immuables ne sauraient évidemment convenir à tous les cas, et elles agissent, comme tout fait absolu, sans discernement.

Ainsi, en matière de successions, la réglementation, même mitigée, a, au milieu d’autres inconvénients qui échappent à mon cadre, celui d’attenter à l’autorité du père, de le désintéresser du testament, d’engendrer des procès, et de

  1. L’Organisation du travail, § 57.