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comme l’oncle Dominique Py chez les Mélouga, un abri hospitalier et affectueux. Nous avons vu que la Coutume prescrivait « de nourrir et d’entretenir, leur vie durant, dans la maison natale, les aînés inhabiles à l’héritage, tels que prodigues, imbéciles, pec ou taros, de leur faire les honneurs funèbres, et de prier Dieu pour leur âme ».

Aujourd’hui ce faisceau est brisé. L’individu affronte seul les combats de la vie s’il est vaincu, il tombe misérablement sur le pavé des villes[1]. A-t-il la chance d’être admis dans un hospice, a-t-il pu même s’assurer pour sa vieillesse les moyens d’obtenir l’hospitalité d’une maison de retraite ; il finit ses jours dans un isolement égoïste et presque cellulaire, qui répugne aux besoins de notre nature[2].

Voilà en présence les termes extrêmes où les deux sociétés aboutissent pour les familles les plus humbles et les plus déshéritées d’une part, un vieillard expirant au milieu des étrangers et des indifférents sur un grabat d’hôpital, ou dans une chambrette de Sainte-Périne ; d’autre part, l’aïeul, entouré à sa dernière heure de tous ses enfants qu’il bénit, et pouvant évo-

  1. À Paris, d’après un recensement fait en 1880, le nombre des ménages indigents est de 52,169, correspondant à 140,400 personnes, soit plus de 6% de la population parisienne.
  2. En 1880, il est entré dans les hôpitaux et hospices pour toute la France 412,648 malades, dont 42,011 y sont morts.