Page:Le Play, L’Organisation De La Famille, 1884.djvu/362

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se refusent même le repos du dimanche tellement avares de bras, qu’ils occupent non seulement ceux des femmes, mais encore ceux des enfants les plus faibles. La présente monographie montre que l’ouvrier travaille 357 jours de l’année, et que chacun des enfants ne se repose que 21 jours. Quant à la femme, elle fait en réalité 405 journées de travail, en supposant les journées de 10 heures. Non seulement elle vaque comme les hommes aux travaux du dehors, mais elle mène de front avec ces travaux les soins du ménage. On comprend qu’une vie aussi rude nuise au développement des forces physiques et contribue à la dégradation de la race.

Ce qui rend plus difficile encore la vie des paysans du Laonnais, c’est que le morcellement du sol a fait disparaître tous ces droits d’usage sur les propriétés voisines, toutes ces allocations d’un patronage bienfaisant ou ces échanges de services qui, dans toutes les contrées du globe, forment une portion si importante des ressources des ouvriers, et qui furent, sous l’ancien régime, une sorte de compensation, très insuffisante il est vrai, des droits féodaux. Les monographies déjà publiées dans les Ouvriers européens et dans les Ouvriers des deux mondes, ne renferment aucun exemple d’une absence aussi complète de subventions de tout genre.

Le domestique de labour, qui vit dans une