Page:Le Play, L’Organisation De La Famille, 1884.djvu/370

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danser aux lampions ; le bal alors ne commence qu’à la chute du jour et dure jusqu’à minuit. Et l’on trouve des parents assez indifférents pour laisser leurs filles errer en liberté pendant la nuit !

Dans les classes dégradées, dont il vient d’être question, une telle dépravation de mœurs doit nuire au développement des forces physiques. Cette décadence se remarque également chez les paysans, affaiblis par les privations et par les fatigues. Un travail prématuré arrête la croissance de l’enfant ; le manque de repos frappe l’homme mûr d’une vieillesse anticipée. Les paysans eux-mêmes reconnaissent que, sous ce rapport, ils valent moins que leurs pères et que leurs fils valent moins qu’eux. C’est une race rabougrie comme les arbustes qui croissent péniblement dans nos savarts. En voyant les jeunes gens mariés dont la taille accuse à peine treize ou quatorze ans, on se demande ce que sera la génération suivante et ce qu’ils seront eux-mêmes au moment de la décrépitude. À cette cause d’affaiblissement corporel il faut joindre le manque de soins dans la première enfance et les mariages trop hâtifs. Ces mariages ont leur principe dans les divertissements que prennent en commun les jeunes gens des deux sexes avec une étrange liberté d’allures. L’auteur ne croit pas, comme quelques moralistes, que des mariages de ce genre purifient les mœurs. Cela serait vrai si le