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tiques ne peuvent point constituer ces réserves d’objets utiles ou précieux qui assurent contre certaines éventualités fâcheuses le bien-être des peuples commerçants. Elles n’entassent point le blé non plus que l’or ou l’argent. Elles souffrent cruellement quand la guerre, les épizooties et les désordres de l’atmosphère amènent la destruction des troupeaux. Mais, en l’absence de ces fléaux, elles jouissent d’une grande sécurité, et elles accumulent la richesse sous sa forme la plus féconde. Elles colonisent par leurs rejetons les steppes contiguës, et elles opposent ainsi un rempart vivant aux troupes pillardes du désert.

Les sociétés patriarcales de l’Asie ont pour aptitudes spéciales l’observation et la méditation, pour tendance générale la conservation des sentiments et des idées, pour règle de gouvernement le respect du père et la soumission à la coutume[1]. Au milieu de la corruption et de l’impuissance des anciens âges, ces sociétés ont réussi les premières à conserver les souvenirs des aïeux et à réunir les éléments de leurs propres annales. Elles nous apparaissent, dans l’histoire, élevées avant les autres sociétés à la connaissance de Dieu et gardiennes de la tradition religieuse révélée aux premiers hommes. Le résumé de leurs tra-

  1. L’organisation du travail, p. 57, 394 à 397.