Page:Le Play, L’Organisation De La Famille, 1884.djvu/466

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tiples, que toutes les ressources de la ferme suffisent à peine à les remplir. Il est tenu d’entretenir au foyer commun tous les membres célibataires de la famille, de pourvoir à leurs besoins, de les conserver dans la situation qu’ils y avaient du vivant du père décédé. Il est tenu de les doter comme ses propres enfants s’ils se marient, ou s’il leur convient de quitter, à quelque époque que ce soit, l’habitation patrimoniale.

Aussi n’y a-t-il de place qu’à la reconnaissance dans le cœur du jeune homme qui reçoit des mains de son frère aîné un pécule, lentement amassé sur les produits de la ferme, pécule avec lequel il ira fonder un métier dans quelque ville voisine, ou partira, plein d’espérance, pour quelque contrée vierge de l’Amérique ou de l’Afrique, heureux d’y créer pour ses enfants un nouveau Hof et d’y rêver quelquefois à celui toujours conservé de ses pères !

Le Luttershof s’élève sur une légère éminence, ombragé de vieux chênes. Au nord-est un massif épais de sapins arrête les vents. Des prairies arrosées par l’Œrtze s’étendent d’un côté ; de l’autre, des terres labourables, symétriquement encadrées de bois et de bruyères. Je n’ai pas besoin d’ajouter que les enclaves étant incompatibles avec le régime de la propriété, le paysan n’a, d’une extrémité à l’autre de sa terre, à