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tume de l’atelier paternel. Abandonnés à leurs instincts naturels, ils tomberaient directement dans la situation de ces races dégradées (J). Mais il en est autrement quand les enfants sont soumis à la discipline de l’éducation. Ils ne se montrent pas inférieurs à leurs devanciers, si l’ignorance native et le vice originel ont été domptés en eux par l’amour et la sollicitude des parents, si l’action stimulante et répressive de ces derniers a été acceptée avec respect et obéissance. Mais ces sentiments ne sont pas non plus naturels à l’enfant. L’esprit de rébellion commence à poindre avec les premières lueurs de l’intelligence : il cède rarement à l’appel affectueux des parents ; presque toujours il doit être, une première fois, réprimé par un châtiment qui donne à l’enfant l’idée de sa faiblesse[1]. Toutefois l’autorité du père, fondée d’abord sur un judicieux emploi de l’affection et de la force, ne reste durable que si elle prend bientôt pour bases la crainte de Dieu et les conseils de la raison. Tel est le cas

  1. La folie est liée au cœur de l’enfant, et la verge de l’éducation l’en chassera. (Prov., XXII, 15.)

    Henri iv écrivait à Mme de Montglat, gouvernante du Dauphin, alors âgé de six ans : « Je me plains de vous, de ce que vous ne m’avez pas mandé que vous aviez fouetté mon fils ; car je veux et vous commande de le fouetter toutes les fois qu’il fera l’opiniâtre ou quelque chose de mal, sachant bien par moi-même qu’il n’y a rien au monde qui lui fasse plus de profit que cela : ce que je reconnois par expérience m’avoir profité ; car, étant de son âge, j’ai été fort fouetté. »