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Page:Le Play, L’Organisation Du Travail, 1893.djvu/233

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doit donner à sa femme et à sa famille la direction indiquée par les rapports qui l’unissent aux autres familles, au gouvernement local, à la province et à l’État. Mais cette supériorité, qui est partout sanctionnée par la loi, a pour contrepartie dans les mœurs la haute influence que la femme exerce parmi les grandes races européennes ; et j’ai indiqué (§ 12) que cet ascendant règne chez notre race depuis un temps immémorial. Par l’attrait de sa grâce incomparable, la femme récompense, en choisissant son époux, le talent et la vertu chez les jeunes hommes qui aspirent au mariage ; et elle préside ainsi, avec une sorte de souveraineté, à l’élection et au classement social des chefs de famille.

Mais l’action que la femme exerce comme mère et comme fiancée n’est réellement efficace que chez les races qui tiennent en honneur la chasteté (§ 25). Les peuples prospères s’appliquent avec une sollicitude spéciale à conserver cette vertu ; et, à cet effet, ils s’aident de deux moyens principaux. Ils gravent dans les cœurs la loi morale exprimée dans le 6e et le 9e commandement ; et ils lui donnent pour sanction une loi civile qui érige la séduction en délit, et qui en fait retomber exclusivement sur l’homme la responsabilité.

La France, après avoir réagi contre la corruption des derniers Valois (§ 15), s’éleva à la prospérité et aux grandeurs morales du XVIIe siècle