Ainsi la liberté et moins encore l’autorité ne sauraient être signalées comme les vraies sources de la prospérité d’un peuple chrétien. Ce ne sont point deux principes fondamentaux, mais bien deux éléments[1], également nécessaires, du mécanisme social. Quant à la force qui imprime à ce mécanisme une activité bienfaisante, c’est la loi morale. Or, depuis le XIVe siècle, peu de souverains ont aidé à la conservation des bonnes mœurs ; tandis que des familles innombrables ont toujours fait preuve de vertus exemplaires, même aux époques d’excessive corruption[2]. La famille chrétienne, aidée par le prêtre, est par excellence l’agent de la loi morale. C’est là que, par une faveur insigne de la Providence, se conserve l’esprit de dévouement, lorsqu’il s’est éteint dans les autres groupes sociaux. C’est au foyer paternel que se régénèrent sans cesse chez l’enfant les vertus du citoyen, celles qui le rendent capable d’obéir ou de commander, ou, en d’autres termes, celles qui fécondent à la fois la liberté et l’autorité.
- ↑ « L’humanité… cherche, sans parvenir à le réaliser parfaitement ni pour longtemps, l’équilibre des éléments dont se compose le monde : autorité et liberté, droit et devoir, intérêt et conscience, État et Église. » (Mgr Darboy, lettre pastorale du 28 octobre 1869.)
- ↑ Une Famille au XVIe siècle, par M. C. de Ribbe. Une brochure in-18, 2e édition ; Paris, 1868. Cet ouvrage, dû aux recherches d’un savant dévoué à la réforme, met en lumière le contraste qui existait à cette époque entre la vertu des familles provinciales et la corruption de la cour (§ 15).