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ruption des clercs et des gouvernants a désorganisé les anciennes institutions religieuses, d’abord par les schismes et la guerre civile (§ 15), puis par le scepticisme (§17). La paix publique s’est perdue chez nous à mesure que ce désordre envahissait les esprits : elle ne s’est maintenue que chez les peuples qui ont conservé leurs croyances. Sous ce rapport, l’Angleterre, les États allemands, les États-Unis et l’Amérique britannique se placent au premier rang. Cette supériorité se lie à une organisation religieuse qui se résume dans les traits suivants. Le culte dominant n’est plus imposé par la contrainte, et plusieurs cultes rivaux sont exercés concurremment en toute liberté. Les catholiques, en particulier, lorsqu’ils se trouvent dans ces conditions, sont pénétrés de croyances aussi fermes et plus éclairées que celles du moyen âge ; et ils restent animés, au plus haut degré, de l’esprit de prosélytisme. Seulement, ils sentent le besoin de donner à ce zèle une nouvelle direction. Ils se préoccupent moins de combattre les infidèles, ou de discuter certaines nuances de la doctrine ; ils ont surtout à réfuter la prétendue science qui nie Dieu, la morale et la raison (§ 39). Au milieu de ce débordement d’erreur, ils ont pour alliés naturels toutes les communions chrétiennes. Les divers groupes de croyants d’un même peuple se trouvent ainsi, devant le scep-