profession[1] : elle permet, par conséquent, de les mieux choisir et de tenir ainsi le corps entier à la hauteur de sa fonction. Elle décharge ces juges d’une responsabilité compromettante, et elle rehausse d’autant le respect dû à leur caractère. Mais le principal avantage du jury est l’enseignement pratique donné aux peuples qui glissent sur la pente de la fausse égalité (§ 59). Elle leur démontre journellement la légitimité d’une hiérarchie sociale fondée sur la richesse unie au talent et à la vertu. Les mêmes hommes, qui voient un principe absolu dans l’application du suffrage universel à la direction des affaires publiques, aperçoivent distinctement les inconvénients de ce même principe appliqué au jugement des procès civils et criminels. Les partisans exagérés de l’égalité en matière politique sont rarement disposés à pousser la logique d’un faux système au point de soumettre les décisions concernant leurs intérêts, leur honneur et leur vie au verdict de la plupart des citoyens qui les entourent. Enfin, sous les régimes de liberté, où la connaissance
- ↑ Le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande, grâce au concours du jury et de ses magistrats locaux résidents, peut se contenter de 300 juges de profession. Avec ce personnel très-bien rétribué et relativement économique, nos voisins assurent aux moindres localités une sécurité que nous sommes loin d’obtenir en France, avec nos 9,400 juges, si peu rétribués et cependant si onéreux pour le budget.