concernent spécialement les campagnes où les domaines ruraux sont agglomérés autour d’une habitation centrale (§ 46), où par conséquent les familles sont uniformément disséminées sur la surface entière du pays. Ils se modifient, par la force des choses, dans les localités où se forment de grandes agglomérations urbaines. Ce cas se présente notamment quand les classes dirigeantes méprisent et abandonnent les résidences rurales, quand les entreprises commerciales ou manufacturières se multiplient, et surtout quand le département possède des ports maritimes exploitant le commerce du monde entier. Les villes tendent alors à dominer les campagnes, ainsi qu’il arriva chez les Grecs et les Romains de l’antiquité, ou chez les Italiens du moyen âge ; et si les institutions ne prêtent point leur appui aux bonnes mœurs, la corruption, puis la décadence deviennent inévitables. La prospérité se maintient, en effet, sans trop de difficulté dans une province, malgré la richesse et la puissance des grandes villes, si les classes dirigeantes, fidèles à leurs résidences rurales, conservent dans les campagnes leur légitime influence. De leur côté, les grandes villes jouissent d’une autonomie complète : elles règlent en toute liberté cette multitude d’intérêts communs qui n’existent point dans les campagnes, et qui naissent de la
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