ressources locales ne comportent point l’existence d’un souverain, d’une armée, ni même d’une haute cour de justice : on confère dans ce cas la suzeraineté à deux nations voisines qui, en se contrôlant mutuellement, font régner la paix chez leur protégée[1]. Au moyen âge, les Européens ont utilement appliqué ce système ; et ils n’ont point amélioré leurs rapports mutuels en l’abolissant presque partout, avec d’autres coutumes qui faisaient régner l’union et la paix. Alors, en effet, toutes les nations de l’Occident, jouissant des mêmes institutions religieuses, avaient établi dans leurs institutions civiles une complète uniformité[2]. À cet état de choses l’antagonisme social, suscité par les schismes et les guerres religieuses, a substitué momentanément une diversité extrême. Depuis le XVIe siècle, beaucoup de rois ont usurpé le pouvoir absolu, sous prétexte d’assurer aux peuples les bienfaits de la paix religieuse ou de l’unité de foi. Ils ont provoqué beaucoup d’innovations qui répondaient à leurs passions individuelles plutôt qu’aux intérêts généraux des peuples. Mais peu à peu les monarques absolus se sont discrédités par leur égoïsme et leurs excès. À mesure que la liberté individuelle
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