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ainsi qu’un régime créé par des races inférieures s’est conservé jusqu’à nos jours au détriment du travail agricole, de la stabilité sociale et des autres convenances d’un peuple civilisé. Les plaines dénudées qui s’étendent en Champagne, à l’orient du plateau de la Brie, offrent encore aujourd’hui des spécimens fort tristes de cette organisation de la vie rurale elles réunissent la plupart des inconvénients qui entravent le plus la prospérité des familles et des nations[1].

Un village champenois est ordinairement bâti au centre d’une banlieue rurale de 800 à 1,000 hectares, subdivisée, par d’incessants partages, en plusieurs milliers de parcelles. La première qualité de ces parcelles est de se prêter aux mutations et aux morcellements commandés par les incidents que font naître l’ouverture des successions, la prospérité ou la décadence des ménages, et surtout l’agiotage des biens ruraux pratiqué par certains spéculateurs dans les cabarets. Cette instabilité des champs peut se comparer à celle des valeurs de bourse. Elle explique la monotonie[2] de ces vastes plaines où, en dehors des

  1. Les Ouvriers européens, t. VI. Bordier émigrant du Laonnais, notes. Les Ouvriers des deux mondes, t. Ier. Manœuvre agriculteur de la Champagne. T. IV, Paysan d’un village à banlieue morcelée du Laonnais. (V. ci-après, Ier App.) – La Réforme sociale, 34, XIV à XVI. L’Organisation du travail, p. 283.
  2. Cette monotonie contraste singulièrement avec la variété que les domaines agglomérés et le régime des familles-souches introduisent dans les plaines encore moins fertiles du Lunebourg hanovrien. (Bulletin de la Société d’économie sociale, t. II. p. 518, et ci-après, Document A.)